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Espace privé SPIP

Une Exposition d’été

Galerie Anne Barrault

25 juin → 30 juillet 2011
A l’occasion de cette nouvelle exposition d’été, nous avons le plaisir de présenter les œuvres inédites de quatre artistes : Fayçal Baghriche & Catharina van Eetvelde & Aurélien Mole & Guillaume Pinard


FAYCAL BAGHRICHE

« Cette série amorcée lors d’un séjour à Montréal et qui a vocation à s’enrichir lors de mes futurs déplacements, obéit à un protocole rigoureux qui rejoint les fondements conceptuels de la photographie objective établis par Bernd et Hilla Becher. J’ai visité les lieux de prière musulmans (musallats) de Montréal et j’ai cherché à rendre compte de manière neutre de la charge spirituelle qui se dégage de ces endroits.

Humbles et sans apparat, éloignés des hauts lieux de l’Islam revêtus de dorures et de somptueux ornements, ces espaces rendent compte d’une pratique cultuelle quasi confidentielle transplantée dans une architecture occidentale.

Pour la prise de vue, j’ai orienté mon appareil vers le Mihrab, une niche orientée vers la Kibla* dans laquelle se place l’Imam pour diriger la prière. J’ai donc nécessairement placé mon appareil dans la direction de la Kibla. En somme, en regardant la photographie, le spectateur regarde dans la même direction que les fidèles. La connivence implicite entre le photographe et le sujet ne s’établit pas selon le face à face conventionnel, mais plutôt selon une orientation sympathique, un vecteur dirigé vers le même point : l’origine de la lumière. Cette analogie entre l’appareil « Camera obscura » sensible à la lumière et le sujet en prière orienté vers le divin induit une approche métaphysique de la photographie.

Ce travail se réfère également de manière sous-jacente à la tendance actuelle du monde à tourner son regard vers le Moyen-Orient. Nous assistons depuis une dizaine d’années à une nouvelle forme de tropisme oriental qui s’opère dans les domaines de la géopolitique, de l’économie et de l’art [1] » .

*Kibla ou Kabla selon la transcription en arabe signifie orientation. Au sens littéral « en direction de l’Orient ». Sur lla péninsule arabique, la prière d’abord tournée vers Jérusalem, à l’Ouest fut modifiée par le Prophète Mahomet. La Mecque fut instituée comme nouvelle direction sacrée. Tous les musulmans du monde prient en direction de ce point.

CATHARINA VAN EETVELDE

« Erg : désert de dunes fixes dont le sable superficiel est remodelé sans cesse par le vent. Aussi unité de travail, d’énergie et quantité de chaleur du système d’unités C.G.S. (1 erg = 10−7 joule).

Erg se déplace. Comme araignée ou comme dune. Dans Jam (2008) – araignée et oeil du cyclone. Dune (figure de l’assèchement), veine, fil et filet, fourche et fluide, lacet, lien, maille, tissu, noeud, onde, incise, incubation, impulsion, punctum, mouvance, étoilement (mais noir sur blanc). Mamelon de sable. Dune mouvante. Erg comme métaphore du dessin. Erg transporte. Où ? Erg est le dessin. La seule chose essentielle est que ça ne s’arrête pas. Comme les dunes déplacées par les vents, Erg se remodèle sans cesse. De proche en proche. Trait pour trait. À l’infini
 [2] ».

AURELIEN MOLE

« Les multiples casquettes d’Aurélien Mole (artiste, commissaire d’exposition, critique d’art, photographe d’exposition, historien de la photographie, monteur) lui offrent la possibilité de déplacer les pratiques liées à une discipline vers une autre, par exemple la photographie de vues d’expositions vers le champ de l’art, ou encore, la critique d’art vers le montage : toutes les combinatoires sont éventuelles. Cela implique aussi le fait d’utiliser des manières de faire issues de l’art pour tenter de résoudre un cas concret du quotidien sans revendiquer aucun geste artistique.

En tant que membre co-fondateur et actif du Bureau/, collectif de curators, Aurélien Mole a un regard d’artiste, et inversement en tant qu’artiste, une perception de commissaire : la construction d’une grande partie de ses pièces mettent en perspective le travail d’autres artistes. Aurélien Mole déplace ce que l’on appelle en histoire de l’art "l’appropriationisme", qui consistait dans les 60’s et 80’s à reproduire les pièces d’autres artistes de manière assez fidèle dans un questionnement sur les notions de copie et d’original [3] ».

GUILLAUME PINARD

En escapologiste averti, Guillaume Pinard, le soir du vernissage traversera le mur latéral gauche de la galerie Anne Barrault pour se retrouver de l’autre côté, dans l’espace d’un trompe l’oeil qu’il aura pris soin de réaliser préalablement au fusain. Planté au milieu d’éléments propices au montage d’une exposition : échelle, bâches de protection, aspirateur, outils, il fera alors un salut amical à l’assistance avant de disparaître dans un nuage de poussières et rejoindre sa province.

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[1Propos de l’artiste, www.entrepriseculturelle.org/fayce/

[2Olivier Sécardin, L’effort et l’exact, janvier 2010

[3Céline Poulin, « Les belles images », La Box, Bourges, 2010