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Espace privé SPIP

Flat Layers

Une proposition d’Axelle Blanc pour le laboratoire Never Ending Object.

Avec Rémy Brière, Aymeric Ebrard, Ann Guillaume, Giulia Grossmann, Camille Henrot, Laurent Le Deunff, Aurélien Mole et Antoine Trapp.

Samedi 17 mars 2012 de 14h à 21h


En 1885 Charles Baudelaire théorisait le relativisme esthétique par la simple constatation : « il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien ». En 1905, Charles Morice avouait sa stupéfaction face au syncrétisme culturel de la modernité : « tous les siècles voisinent dans le nôtre ». Contemporains des premières découvertes de l’art paléolithique, ces postulats nous rappellent que la fascination « primitiviste » va de pair avec la prise de conscience que dans chaque objet et chaque image coexistent plusieurs temporalités, hors de tout modèle historique classique. Cette polyrythmie est ce que Warburg a nommé la survivance, concept capable d’envisager la complexité de ce phénomène d’accumulation, dont la mémoire est l’activateur.

A chaque âge ou chaque instant sa modernité, synthèse de toutes les strates de temps passées, divisibles à l’infini comme une pile de papiers les plus fins, déchiffrables par transparence. Cette conception du temps est aujourd’hui commune à de nombreux artistes dont les œuvres se construisent par l’accumulation d’iconographies et de référents issus des études archéologiques ou ethnographiques.

Fossile, calebasse, coquillage, pierre taillée… les objets témoins de « cultures matérielles » lointaines ou anciennes, ainsi que les usages, les mythes et les rites qui leurs sont associés, transmis par divers filtres exégétiques des sciences humaines et sociales, deviennent des matières premières vivantes et ductiles. Comme le scientifique, le conservateur ou le spectateur, l’artiste y projette à son tour un faisceau d’intentions qui en modifient le sens et en ravivent l’histoire. La série de gestes dont l’œuvre procède (l’assèchement, le collage, l’enveloppement, l’ensevelissement, la capture, la taille) lui applique une temporalité plus ou moins longue qui enrichit encore son sens.

A la croisée d’un objet, d’une image et d’un geste, les œuvres présentées ici sont des dépôts où se lisent en même temps le passé, le présent et leurs potentiels futurs ; les signes, leurs référents et leurs commentaires.

On dit que les archéologues « inventent » des sites. Pour eux la terre est chronologique, leur science est exacte, ils ajoutent des strates à l’histoire. Les artistes « créent » ; les zones incertaines de l’histoire, ses résurgences ou ses décroissances, autant que la déperdition « d’authenticité » par rapport aux sources sont autant d’agents dynamiques qui s’appréhendent tous ensemble.

Au modèle de la stratigraphie nous pourrions substituer celui de la dendrochronologie, lecture horizontale du temps, où toutes les temporalités de représentation et d’énonciation sont visibles simultanément. Par son aspect participatif et cumulatif, cette proposition est une mise en relation de formes qui exemplifie cette dimension horizontale et mouvante, une sédimentation soudaine et provisoire née du hasard des connivences.



Cité Internationale des Arts de Paris

Atelier d’Ann Guillaume

18 quai de l’hôtel de ville, 75003, Paris

code digicode : 6345

Atelier 8306 (3e étage, couloir de gauche, première porte à gauche, chez Verger)

Plus d’informations sur le Laboratoire Never Ending Object, également sur :
http://www.annguillaume.fr/

Photographies : Ann Guillaume et Aymeric Ebrard