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Espace privé SPIP

Minusubliminus

Musée de la Loire

Aurélien Mole & co
Minusubliminus, des collections à la fiction
9 septembre > 24 décembre 2011
Musée de la Loire, Cosnes-sur-Loire
The Atlas Group / Guillaume Bijl / Mark Dion / Estefanía Peñafiel Loaiza / Cristina Lucas /
Aurélien Mole / Bettina Samson et Julien Tiberi
Vernissage 8 septembre à 18h


Le projet Minusubliminus implique trois partenaires : la Ville de Cosne-Cours-sur-Loire par le biais du musée de la Loire, le réseau des médiathèques Loire et Nohain et le collège René Cassin. Présentant le témoignage des activités ligériennes disparues et une remarquable collection de peintures modernes, le musée de la Loire mêle différentes disciplines telles que l’art, l’histoire, l’ethnologie… Minusubliminus s’inscrit directement dans ce contexte à travers une exposition qui questionne la nature même d’une structure muséale, interrogeant par exemple la présentation des objets patrimoniaux, la diffusion du savoir ou encore les grilles de lecture qui y sont véhiculées...

En effet, tout musée offre au regard des objets présentés comme dignes d’intérêt, mais propose aussi et surtout un discours précis et circonscrit sur le réel, qu’il soit passé ou présent. Car la réalité et les représentations que nous nous en faisons sont intimement imbriquées et la tentative de l’objectivité souvent vouée à l’échec. Cela est d’autant plus vrai dans un dispositif muséal où les objets exposés relèvent tant de l’intérêt scientifique qu’esthétique ou narratif. L’histoire surprenante du perroquet Ver-Vert du jésuite Gresset, évoquée au musée, a nourri les réflexions autour de l’exposition. Elevé par les sœurs de Nevers, Vert-Vert est un perroquet « dévot » qui parlerait un langage châtié et chrétien. Offert par les religieuses neversoises aux nantaises, le perroquet est confié à un batelier de Loire afin d’être transporté jusqu’à Nantes. L’histoire raconte qu’il apprend sur le bateau le vocabulaire des matelots et arrive à bon port jurant comme un charretier, au grand damne des sœurs.

Tout musée n’est-il pas le véhicule de légendes, de traditions, de mythes et d’idéologies ? L’exposition aborde cette problématique de la rencontre entre faits et fictions, qu’ils soient d’art, d’histoire, de géographie ou de sciences naturelles.

Dans une première partie, Aurélien Mole est invité à poser son regard sur les collections permanentes par la production d’œuvres spécifiques, soulignant alors un contenu, proposant une interprétation, une façon d’offrir une relecture particulière à cette collection avant le récolement qui aura lieu en 2012 [1]. Aurélien Mole a de multiples casquettes (artiste, critique d’art, photographe d’exposition…) qui lui permettent de transférer des pratiques d’une discipline à une autre. Son travail offre une combinaison de romantisme et de pragmatisme, de magie et de science. La mise en scène d’objets trouvés ou d’œuvres d’autres artistes fait émerger des lectures ambigües de ces artefacts, comme autant d’histoires à interpréter. Pour le musée, c’est une histoire parallèle qu’il provoque et un regard inattendu qu’il propose au spectateur d’exercer.

Dans la salle temporaire, une exposition collective approfondit la problématique dans des directions différentes. The Atlas Group met en scène la notion d’archives, éléments souvent utilisés comme signes d’une vérité historique. L’oeuvre de Guillaume Bijl produit un effet perturbateur, brouillant les codes habituels des musées en y présentant des objets de notre quotidien. Il nous transporte ainsi dans un musée du futur. Marc Dion, quant à lui, porte un regard assez critique sur les valorisations que nous pouvons faire de certains objets (blasons, trophées, animaux empaillés…), oubliant souvent les jeux de pouvoirs qui s’y incarnent et qui peuvent être pourtant violents. Cristina Lucas aussi s’intéresse aux structures du pouvoir véhiculés par la mémoire collective et en décalage avec les faits historiques. Estefanía Peñafiel Loiaza, elle, met à jour de manière poétique nos grilles de lecture afin, à la fois de nous permettre un regard éclairé sur certains aspects de la réalité, mais aussi de la distordre vers d’autres interprétations. Julien Tiberi part également du côté de l’imaginaire en créant des anachronismes scientifiques et artistiques. Enfin, Bettina Samson met en exergue l’esthétique inhérente aux pratiques scientifiques, floutant délibérément la frontière entre création artistique et création scientifique.

Céline Poulin, commissaire de l’exposition et chargée de la programmation Hors les murs du Parc Saint Léger.

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[1En effet, en 2012 débutera le récolement des collections au musée de la Loire, opération au cours de laquelle chaque objet sera examiné, inventorié, participant ainsi à la réflexion autour de la présentation et de la conservation des œuvres.