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Espace privé SPIP

How does one portray the wind ?

(Max Pam)

Centre d’art Image/Imatge
3 Rrue de Billère
64300 Orthez

07/02 – 02/05/2020

Patxi Bergé, Lynne Cohen, Gérard Dalla Santa, Luc Delahaye, Liz Deschenes, Jean Dieuzaide, Valérie Jouve, Frédéric Latherrade, Les Levine, Charles Mason, Francis Morandini, Jean-Luc Moulène, Bernard Plossu, Bruno Serralongue, Anne-Lise Seusse, Pierre Thoretton, Marie Voignier

Commissaires de l’exposition : Marceline Delbecq et Aurélien Mole

Œuvres des collections des Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA (Bordeaux), Frac Artothèque Nouvelle-Aquitaine Limousin (Limoges) et Frac Poitou-Charentes (Angoulême).


Le titre de cette exposition est emprunté au texte qui accompagne une image de la série Hindustan autobiographies de Max Pam. Il pourrait se traduire par « Comment pourrions nous faire un portait du vent ? » et c’est en gardant ces quelques mots en tête que Marcelline Delbecq et Aurélien Mole ont sélectionné un ensemble de photographies pour l’espace d’Image/Imatge. Comme si chacune avait déterminé la suivante, son écho porté par le vent.
Par essence invisible, le vent est un déplacement de masses d’air attirées par la pression et la dépression atmosphériques. Mais son invisibilité ne le rend pas pour autant imperceptible : il se révèle à nous lorsqu’il rencontre un objet qui lui résiste. D’une façon poétique, la sélection d’images réunies ici cherche à montrer que les œuvres sont habitées d’une force similaire à celle du vent. La photographie, peut-être parce qu’elle a maille à partir avec le temps, est un cas d’autant plus particulier : cette force qui l’habite est souvent visible a posteriori, quand l’Histoire devient saillante et que les éléments lisibles à la surface photographique entrent en contact avec elle.
Une première image fût choisie : Sea Scouts, Carnaval of Unity, Hong Kong, 30.06.97 de Bruno Serralongue. Elle montre un enfant habillé en Sea scout (scout marin), les yeux rivés dans notre direction. A ses cotés, un personnage en costume de tyrannosaure tient une brique de jus de pomme Tropicana. Et tandis que How does one portrait the wind se prépare, la rumeur étouffée des manifestations qui opposent les sujets pro-démocratie au pouvoir central, vassal de la Chine depuis que l’île a été restituée par les Anglais en 1997, nous parvient de Hong Kong malgré la distance. D’évidence, et c’est cela qui a conditionné le choix des œuvres, les événements actuels modifient de manière perceptible le regard que nous portons sur cette image, soudainement habitée d’une force qui la dépasse.

Le procédé argentique peut quant à lui en devenir l’une des possibles métaphores : une fois le papier sensible exposé, l’image y est latente et n’apparaît que sous l’action du révélateur. L’ensemble des photographies a donc été choisi dans les fonds des trois FRAC en portant une attention particulière à ce contenu latent inscrit en creux dans chacune des œuvres et que l’actualité du monde révèle. Chaque photographie est donc à lire au travers des événements qui font irruption dans notre quotidien. En convoquant le présent, ces témoins au passé s’envisagent comme des signes avant-coureurs de ruptures à venir dans un futur incertain.
En filant la métaphore de la photographie argentique, on note aussi l’importance de l’obscurité comme condition de révélation des images. Ainsi, à intervalles irréguliers, l’exposition How does one portray the wind ? sera plongée dans le noir pour quelques instants. La persistance rétinienne figera alors la dernière image vue de même que l’obscurité soudaine figera le corps des visiteuses et visiteurs.